Madame la ministre de la culture,

Lors du dernier conseil national des professions du spectacle, vous nous avez exposé, avec force de conviction, votre profond engagement contre les idées d'extrême droite.

Vous avez exposé combien selon vous nos secteurs étaient essentiels dans ce combat. La culture comme outil. La culture comme vecteur de rencontres, d’échanges, d’ouverture. Le spectacle comme moyen de déplacer et de changer son regard.

Ce constat, cette idée, nous pensions avoir au moins cela de commun.

Le 19 décembre 2023 dans la soirée, votre gouvernement s’est rendu responsable de l’adoption de la loi immigration, loi la plus injuste et la plus criminelle que la France ait produite depuis bien longtemps, avec l’approbation sans équivoque du Rassemblement National qui trouvait là une victoire politique historique.

Le 19 décembre 2023, votre gouvernement a donc accepté de renier les droits les plus fondamentaux que l’on doit à chaque être humain : l’accès aux soins, l’hospitalité, le refuge, le droit du sol…

Le 19 décembre 2023, votre gouvernement a mis en œuvre les idées d'extrême droite que vous affirmez vouloir combattre.

Comment trouver de la cohérence alors même que vous lancez votre projet “La relève” que vous justifiez comme permettant d’agir en faveur d’une plus grande diversité dans la culture ?

Comment trouver de la cohérence lorsque vous racontez vous-même le choix de vos parents, exilés, de rejoindre la France parce que terre de liberté, d’égalité et de fraternité ?

Le gouvernement auquel vous appartenez encore a réduit ces mots à néant à force de lois liberticides, de réformes injustes et de légitimation des idées d'extrême droite.

Malgré cela, madame la ministre, vous annoncez ne pas vouloir démissionner, alors même que, selon vos déclarations, certaines dispositions de la loi heurtent vos convictions. Nous ne comprenons pas cette position et vous engageons à clarifier les choses sans délai : soit vous estimez que cette loi, votée grâce à l’extrême-droite, est délétère et il faut que vous en tiriez les conséquences, soit nous considérerons désormais que, en l’absence de retrait de votre part ou de la loi, nous sommes face à un gouvernement qui a abandonné tout combat contre les idées d’extrême droite.

Face aux appels à la désobéissance civile, à la mobilisation de la grande majorité des organisations professionnelles de nos secteurs, aux manifestations qui s’annoncent, la question que vous devriez vous poser est peut-être : aujourd’hui voulons-nous encore de vous ?

Le syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT)